Blogue

Les groupes Facebook peuvent-ils sauver le Web?

QUESTIONS NETTES - Alors que le Web est dominé par des immenses plateformes, des petites communautés en ligne font de la résistance.

Il paraît que ce sont dans les vieux pots qu'on fait les meilleures confitures. Peut-être que les médias se sont souvenus de cet adage. Mercredi, ma collègue Chloé Woitier expliquait comment de plus en plus d'éditeurs s'intéressaient aux groupes Facebook. Leur but: parler d'un sujet précis, tout en mettant en valeur leurs articles respectifs. Chez Capital, on parle de bitcoin. 20 Minutes préfère les séries télévisées. Du côté du HuffPost, et bientôt du Figaro, on est plutôt branché littérature.

Si vous êtes un vieux routard du Web, ou suffisamment jeune pour y avoir passé une majorité de votre adolescence, cette situation vous est sans doute familière. Il y a quinze ans, Facebook n'existait pas. Mais les premiers internautes fréquentaient déjà des groupes. Des communautés en ligne, généralement centrées autour d'une thématique. Leurs membres discutaient via des forums de discussion, des services de chat, ou des plateformes divisées en sous-catégories, comme le site américain 4chan. Moi-même, j'ai passé mes premières années en ligne dans ce genre d'espaces. J'ai discuté pendant des heures de mangas, de livres, de séries télévisées ou de jeux vidéo avec des inconnus. Nous étions passionnés et peu nombreux. Nous étions heureux.

Un Web horizontal En 2004 naissait Facebook. Et avec lui, une autre idée du Web. Horizontal et plus ouvert. Mais aussi sans grande saveur. Finis les petits îlots dédiés à un sujet en particulier et les amis qu'on ne connaissait qu'en ligne. Place aux immenses plateformes capables de répondre à tous nos besoins: pour discuter en public comme en privé, s'informer, se divertir. Aujourd'hui, des entreprises comme Facebook, Twitter ou Google font tout pour garder les internautes dans leur giron, en leur proposant toujours plus d'options pour les occuper. Les communautés en ligne sont bien moins populaires. Quel intérêt de consacrer son temps à un forum ou un chan IRC, un protocole de discussion instantanée pour les groupes, lorsqu'un même site regroupe la majorité de mes connaissances et de mes intérêts? Le Web est plein de villages gaulois qui résistent. En France, des forums comme Doctissimo ou jeuxvidéo.com sont très populaires. Mais ils sont suffisamment larges pour traiter de sujets divers, et donc attirer un maximum d'internautes. D'autres sites font perdurer cet esprit de communauté. Parfois, il s'agit de leur propre volonté. C'est le cas de Reddit, un site américain influent, dont la popularité repose sur sa division en des milliers de sous-forums dédiés à un sujet. Dans d'autres cas, des communautés se créent et subsistent sans l'encouragement des plateformes. C'est particulièrement vrai sur Facebook. Le réseau social héberge de très nombreux groupes. Certains sont privés - il faut alors en demander l'accès à son propriétaire -, ou carrément secrets. Ils peuvent réunir des dizaines de milliers de personnes, comme une poignée. Leurs membres sont des amis dans la vraie vie ou de parfaits inconnus. Ils se donnent des bons tuyaux pour vendre des objets, parlent de leur ville, de leur groupe de musique ou de leur série préférée, s'échangent des conseils entre jeunes parents, ou des photos de leur chat. Ils sont heureux. Des «petites utopies» Kate Spencer, écrivaine et humoriste américaine, écrivait ceci à propos de son groupe Facebook, réservé aux jeunes mamans: «cette petite utopie en ligne me ferait presque penser que l'œuvre de Mark Zuckerberg est un bel endroit, plutôt qu'une zone à trolls russes où l'on peut aussi trouver des leggings en soldes.» Les petites communautés en ligne ont plusieurs avantages. Dans le cas précis des médias, c'est une affaire d'audience. Les publications des groupes remontent haut sur le fil d'actualité. Les médias peuvent ainsi «tromper» l'algorithme du réseau social, qui a décidé de moins valoriser leurs articles dans la dernière version de sa recette secrète. Les petites communautés en ligne sont souvent autogérées. Ce système permet une modération parfois plus efficace, car assurée par les membres eux-mêmes, que celle de plateformes aux millions d'utilisateurs. Quand on est peu nombreux, tout le monde a intérêt à ce que l'ambiance soit bonne. Même si cela comporte des limites, comme l'expliquait récemment le journaliste Vincent Glad. Ce dernier s'inquiétait justement des effets pervers de cette modération autogérée. «Fonctionnant en cercle fermé, les groupes Facebook ne connaissent pas la contradiction», expliquait-il. «Des fakes grossiers peuvent circuler sans jamais être remis en cause.» Et pourtant. Parce qu'elles ne sont pas ou peu monétisées, les bonnes vieilles communautés en ligne échappent à certains défis que pose le Web d'aujourd'hui. Pas de fil d'actualité géré par des algorithmes. Pas de contenus conçus dans le seul but de faire de l'audience. Seulement des gens qui se réunissent pour parler du sujet de leur choix. Le Web des groupes n'a pas de filtres, sinon ceux créés par ses propres utilisateurs. Et si on y revenait un peu? Source :  
Feed RSS

PRÊT À ATTEINDRE VOS OBJECTIFS?

Vous êtes déterminé à vouloir augmenter vos revenus sur le web? Contactez-nous dès maintenant!

Un renseignement? Un devis? Concrétisez vos projets en obtenant des conseils personnalisés. N'hésitez pas à communiquer avec nous, c'est avec grand plaisir que nous répondrons à toutes les demandes. Au final, nous aurons toujours une solution adaptée à vos besoins et à votre budget.