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Des Montréalais s’attaquent aux géants du web

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Des Montréalais s’attaquent aux géants du web

Exaspérés d’être traqués à leur insu par les géants du web, des Montréalais intentent des actions collectives distinctes contre Google et Facebook, qu’ils accusent de collecte illégale de données. « Les données de localisation étaient recueillies même quand les utilisateurs fermaient la fonction de collecte », s’insurge Sergio Lima dans une poursuite déposée il y a quelques jours au palais de justice de Montréal. Le mois passé, c’était un autre Montréalais, Panagiotis Leventakis, qui intentait une action collective contre Facebook, qui aurait utilisé une faille dans les téléphones fonctionnant sous Android afin de collecter des données. Lima, un directeur d’une entreprise en technologie de l’information, explique dans le document de cour posséder un téléphone Samsung Galaxy S7, avec le système d’exploitation Android, qui a été créé par Google. Or, il a appris l’an passé, à travers des reportages dans les médias, qu’il donnait sans le savoir sa géolocalisation à l’entreprise américaine. « Délibéré » Selon la poursuite, Google utiliserait un système de triangulation à partir de tous les cellulaires, afin de pouvoir suivre à la trace ses usagers. Et ce, même si les propriétaires de téléphone désactivaient la fonction de localisation. « Cette opération de collecte de données était planifiée et délibérée, elle a été faite en sachant que les utilisateurs ignoraient et ne consentaient pas à cette collecte », peut-on lire dans le document de cour. Quand l’affaire avait éclaté l’an passé, Google avait confirmé la véracité de l’information. Mais dans une lettre adressée au Sénat américain, le géant avait nié toute inconduite. Ce n’est toutefois pas l’avis du cabinet d’avocat qui pilote l’action collective québécoise contre Google. Dans la poursuite, il est allégué que l’entreprise américaine a brisé la Loi sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, celle sur la protection des consommateurs, le Code civil du Québec et la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. Aux yeux des avocats de M. Lima, Google s’est ainsi enrichi en pouvant faire des publicités ciblées, en vendant les données ou les profils d’utilisateurs, ou encore en permettant de traquer ceux qui ne voulaient pas l’être. Avantage compétitif « Cela donnait un avantage compétitif à Google, qui partage à l’occasion ces informations avec des branches du gouvernement, dont des agences du renseignement américain », peut-on lire dans le document de cour. Les avocats de M. Lima affirment que ces pratiques peuvent mettre en danger ceux qui veulent garder leurs déplacements secrets, dont des victimes d’actes criminels, des journalistes qui doivent rencontrer des sources confidentielles, et même des agents doubles. Il veut une action collective contre Facebook C’est aussi un Montréalais qui a appris que Facebook aurait longtemps utilisé une faille pour collecter les informations d’usagers utilisant des appareils Android qui veut intenter une action collective contre le géant américain. Il l’accuse même d’agir de façon criminelle. « La collecte, la rétention et l’utilisation non autorisée des appels et messages textes par Facebook se sont faites en violation des lois, dont du Code criminel », peut-on lire dans la poursuite récemment déposée au palais de justice de Montréal. Panagiotis Leventakis, un résident de Roxboro dans l’ouest de Montréal, ne décolère pas depuis qu’une publication américaine a révélé les pratiques de Facebook, que l’entreprise aurait elle-même qualifiées de « discutables » selon le document de cour. C’est qu’en mars dernier, Ars Publica a soutenu que l’entreprise basée en Californie utilisait une faille présente dans tous les téléphones fonctionnant sous le système Android. En autorisant Facebook à accéder aux contacts dans le téléphone, elle pouvait aussi recueillir les informations concernant tous les appels et textos. « Cet accès additionnel n’a pas été divulgué aux utilisateurs, Facebook a volontairement caché ce fait, les utilisateurs n’étaient au courant de rien », peut-on lire dans le document de cour. Plusieurs touchés Des dizaines de Québécois seraient touchés, croient les avocats du cabinet Klein Avocats Plaideurs, qui pilote le dossier. À ce stade-ci des procédures, ils n’ont pas besoin de se manifester pour être inclus dans le recours. Pour ces avocats, Facebook a ainsi violé plusieurs lois, soit celle sur la protection des renseignements personnels dans le secteur privé, la Loi sur la protection des consommateurs, le Code civil du Québec et la Charte québécoise des droits et libertés de la personne. L’interception de communications privées sans autorisation peut aussi constituer un acte criminel, indique la poursuite. Facebook s’est toutefois défendu de mal agir, en affirmant que les utilisateurs peuvent très bien désactiver la fonction permettant à l’entreprise d’avoir un accès aux appels et aux textos du téléphone. « La fonctionnalité ne permet pas de collecter le contenu des appels et des messages, ajoute l’entreprise américaine. Vous êtes tout le temps en contrôle des informations que vous partagez avec Facebook. » Juste le début Le co-fondateur et ancien membre de Crypto.Québec Luc Lefebvre, spécialisé dans les enjeux de sécurité informatique, croit que plus le temps va passer, plus il y aura de révélations à propos des géants du web qui peuvent tout savoir des utilisateurs. « Les gens ont commencé à réaliser l’ampleur du problème », dit-il. Il rappelle d’ailleurs que le modèle d’affaires des compagnies telles que Google et Facebook est dépendant des données d’utilisateurs qui sont utilisées à des fins publicitaires. « J’ai l’impression que la situation va aller en s’empirant, au fur et à mesure que l’alphabétisme numérique de la population va s’améliorer », ajoute-t-il en rappelant que les poursuites civiles suivent souvent les révélations. D’ailleurs, pas plus tard que cette semaine, un Californien a intenté une action en justice contre Google, également en lien avec l’utilisation des données de localisation contenues dans les téléphones intelligents. Pour Luc Lefebvre, toutes ces révélations soulèvent un problème majeur, soit le manque de règles concernant l’utilisation de métadonnées d’usagers. « Ce n’est pas encadré », déplore-t-il. Source: Michael Nguyen  
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